Je suis devant chez toi.
J’hésite à sonner, j’ai les mains moites. Qu’avais-je vraiment à te dire ? A quoi pouvais-je bien m’attendre ? J’appuis sur l’interphone, tu réponds. Tu hésites avant d’ouvrir, je me dis que sûrement, tu avais prévu autre chose ou tu n’avais tout simplement pas envie de me voir.
Toujours est-il que tu es un homme poli, alors tu as ouvert. Peut être au cas où ça serait important.
Je monte tes escaliers, me concentrant sur ma respiration, pour me donner une contenance. Trouver quelque chose qui pourrait ressembler a du courage.
Je suis stupide.
Tu as laissé la porte ouverte, tu es à côté en train de faire ta vaisselle, torse nu parce que tu as l’habitude. Cette façon que tu as d’exhiber ta peau doré, un peu tout le temps, parce que tu t’en fous.
Je plonge mes yeux dans les tiens, pénétration visuelle.
[…]
Tu souris et me demande si je veux un verre en t’énervant sur une assiette. Je ne réponds pas, comme d’habitude. Je vois dans ton regard que tu sais que je ne suis pas là par hasard. Ca t’ennuie sûrement parce que de ça aussi tu t’en fous.
Je m’assoie sur ce canapé que je connais si bien, mes yeux se perdent dans le vide. J’ai tout simplement peur. Comment vais-je pouvoir te dire tous ces mensonges? A quoi ca sert?
Et l’imperturbable Monsieur Propre continue de frotter.
Et puis tu viens t’asseoir à une distance raisonnable de moi. Tu attends sûrement que j’ouvre la bouche, que je te libère rapidement de ton devoir civique de m’écouter. J’ai du mal à cracher la raison de ma présence gênante ici. Tu fais passer le temps en souriant bêtement, en annonçant des banalités.
Je coupe ta théorie très intéressante sur le problème des touristes à cette période de l’année.
« Qu’est ce que tu attends de moi. »
Ce n’est pas exactement ce que je voulais te demander. Tu me rends maladroite. Tu restes là comme un con à ne pas savoir quoi dire. De toute façon ça fait trop longtemps que tu es en conflit avec toutes formes de communication compréhensible pour autrui pour répondre clairement à ma question.
Tes yeux de chat sont grand ouverts et me regarde.
« Tu sais, on ne devrait pas ressortir ensemble. Pas parce que tu ne me plais plus, mais parce que je n’aurais pas le temps pour toi. »
Tu avais encore répondu à côté et fais du mal sans le savoir. Pas le temps pour moi sauf pour tout le reste.
Mes yeux plongés dans les tiens, je cherche à te déstabiliser. Mais tu es toi, tout entier, et bien plus désarmant que n’importe quels regards. J'ai perdu le premier round, mais je suis la seule à le savoir.
Je reste impassible. Rien de ce que je ressens ne doit t’atteindre. Que tu te doutes de ton pouvoir sur moi est une chose, mais que je laisse mes réactions te prouver que tu as raison en est une autre.
Surtout laisser planer le doute, le maître mot de notre relation.
Ca n'a jamais ete qu'une question de fierte mal place. Tu ne dis toujours rien. Genant.
« Moi j’attends quelque chose. J’ai envie de toi, sans attache, sans promesse. Tu vois, quelque chose de simple, presque pour s’amuser. Que nous deux, ça n’implique aucune responsabilité."
Je savais que te retirer tes responsabilités et donc transformer notre « peut être » relation en une banale histoire de baise était la seule façon de te persuader de me toucher encore.
J’avais été parfaite dans le rôle de la fille qui ne ressent rien. Garce.
Mon ego venait de prendre un risque mais j’étais prête à tout pour une miette de ton corps.
Il y a un an jour pour jour, ce corps que je déshabille du regard prenait possession du mien pour la première fois. Les circonstances étaient différents, tu m’aimais. On s’amusait à faire planer le mystère plutôt que le doute et tu me regardais comme quelque chose précieux.
Il a suffit d’une séparation forcée d’une année, de cette distance et de tes coup de téléphone qui sonnait faux, par politesse, pour enlever toute substance magique à ce qu’on avait. Je suis passée du statut de priorité à celui d’obligation. Je n'avais pas attache ma ceinture...
J’ai vite oublié malgré l’intensité. Je suis venue ici presque par hasard, sans intention. Et je me retrouve l'esprit gorgé de sentiments pour toi. Comme une gamine dont le cœur s’affole pour la première fois. Juste parce que ça ne s’explique pas. Sans raison.
Mais toi non…
Je te regarde ne rien me dire, je vois comme tu as changé et pourtant je sens comme ton corps me parle toujours. C'est un monologue. Je regarde ta nuque que je ne peux pas toucher et ça me donne l’impression que l’on vient de m’injecter de l’acide citrique directement dans le cœur. Une grosse aiguille.
Ce blanc me donne envie de balancer une de mes habituelles conneries, sauf que non, pas maintenant. Je pense que tu pesais simplement le pour et le contre. Tu as levé les yeux de ta bière.
« Un Malibu, ça te va ? »
On a commencé à boire en continuant les banalités. Tu me parlais de tes voyages, les petites étoiles dans les yeux. Fidel à ta maladresse, tu me parlais aussi d’une autre sans trop t’attarder sur le sujet.
Tu me fais mal et je souris.
Je suis amoureuse de tes fossettes, amoureuse de tes mains qui ne s’arrêtent jamais de bouger. Je veux être ce grain de beauté sur ta nuque...
Et je souris, Parce qu’il faut continuer à jouer. Ne rien laisser paraître, jamais.
Je ne savais pas à quoi m’attendre. Si mon indécente et sous-entendu proposition ne t’intéressait pas, pourquoi ne m’as-tu pas jeté dehors? Peut etre une forme derive de ton habituelle politesse. Comme si elle n'avait pas deja fait assez de degat, celle la.
Plus l’alcool montait, plus mes yeux se perdaient sur ton corps. Les traits fins de ton cou, la couleur de ta peau, cet accent et tes lèvres. Comme de la pêche.
Tu es allé prendre ta douche, comme tu le fais toujours avant de te coucher. Qu’est ce que je faisais encore là ? Je regroupe mes affaires. Je m’attendais à quoi ? A ce que tu me dises que toi aussi, tu avais envie de moi, envie de cette nuit et de toutes les autres à mes côtés ? Pauvre folle.
Pourquoi n’as-tu pas dit clairement ce que tu en pensais ? Peut être simplement pour que le doute ne s’évade pas entre deux vérités.
Nous sommes deux adeptes des situations compliqués et les non-dits sont notre plus belle arme.
Je pensais stupidement à tes bras en zappant entre deux chaînes. Souvenir flou et poussiéreux, mais toujours ce sentiment de sécurité.
Tu sors de la salle de bain, pénétration visuelle.
« Il pleut, tu veux dormir ici ? »
Surtout ne pas penser, ça n’est peut être rien du tout. Il essait juste d'etre gentil. Ne pas penser, ne pas penser, ne pas penser.
« Tu as raison, j’ai trop sommeil. »
Tu te frottais les yeux avec les poings comme un gamin presque endormit.
Thomas...
J’attendais de toi un geste pour jeter mon cœur en pâture, te laisser prendre possession de mon corps, quitte à te laisser de tout détruire, à m’en vider entièrement l’âme pour te faire encore plus de place. Te laisser me piller le cœur et te voir l’abandonner lâchement, parce que ça n’a pas d’importance. Parce que je ne suis pas importante.
Tu es allé te coucher sans un mot. Je suis lasse de m’imaginer tant de choses à cause d’une banale invitation à dormir. L’avantage, c’est que le canapé est confortable.
« Christine, tu viens te coucher ? »
J’ai le cœur qui se sert et palpite à 30 nœuds.
Des souvenirs d’un avant qui se mêlent aux fantasmes de cette nuit à venir. Dans tes bras.
Même si je sais qu’après mes mensonges, cette nuit n’aura rien de passionnelle, ça ne sera qu’un coup tirer en douce. Peut être même qu’on ne fera que dormir, parce que tu sais aussi être sage.
Je m’allonge près de toi, il n’y a plus que le bruit de la pluie qui claque contre ta fenetre et de ta respiration, la mienne s’est arrêté.
[...]
Je ne peux pas bouger, rien tenter. Je ne respire pas. Je ne sais pas. Accidentellement, ton bras mon frole. Mon corps frissone.
Et doucement, nos mains se prennent. Ta chaleur se rapproche et ta bouche se perd dans mon cou et rencontre enfin mes lèvres. Une seule fois. Tu as encore ce goût de pêche. C’est tendre comme si tu m’aimais. Je vais faire semblant que tu m’aimes, fermer les yeux et tenter de m'en convaincre.
Tu me déshabilles rapidement, pressé de m’utiliser et d’en finir. Tu caresses mon corps dont tu ne connais plus les courbes. Parce que tu t’en fous.
C’est tellement différent…
Je me laisse porter par ta chaleur et parcours tout ton corps. Je tremble.
Ta peau caramel se mêle à ma couleur vanille.
Je me perds dans mes illusions, j’imagine que je ne suis pas qu’un corps pour toi, qu’il n’y a plus que moi dans tes yeux.
Je crois entendre ta voix qui me chuchote un "je t’aime", mais ça n’est que l’écho d’un passé enterré. Un passe sur lequel tu craches depuis longtemps.
J’attends quelque chose de plus fort que ce que tu me donnes, n’importe quoi pourvu que j’y crois.
Sauf que tu n’as rien dit. Tu te concentrais sur ton propre plaisir, ne laissant couler aucun geste pouvant s’apparenter à de la tendresse.
Plus un seul baisé. Je n’avais que tes bras... Des larmes me couler à l’intérieur. Mais tu n'as jamais su les voir, celles la.
Tu me fais mal mais je donne tou. Parce que c'est toi. Par stupidite et par lachete. Et juste m'oublier dans ton corps. Je te donne tout ce que j'ai.
Et la nuit l’un dans l’autre on oublie tout le reste. Un moment d’égarement. Toi, tu as déjà tout oublié. Tu t’en fous. Je savais.
Retour à la réalité. 6h du matin, je me réveille. Tu dors détaché de moi, distance de securite. Le contact de ma peau t'es desagreable.
Le sentiment d’être ta pute et aucun argument pour me persuader que j’ai tord.
L’impression dégueulasse d’avoir servit un point c’est tout et de ne pas pouvoir t’en vouloir parce que c’est moi qui ai fixé les règles.
Comme je te hais, amour.
Tu dors encore, je te regarde. Je fins un accident de sommeil pour me rapprocher de toi, espérant vainement que tu me prennes dans tes bras par inadvertance. Tu pourrais peut être me confondre avec une de celles que tu estimes dignes de ta tendresse.
Tu ne fais rien. Je ne suis rien.
Je sors doucement de ton lit et je me rhabille. Je jette un regard en arrière, sur ton visage endormit. Gamin. Tu as ouvert les yeux, me regardant mettre mon pull. Je ne bouge plus, j’attrape ton regard. J’attends quelque chose, un mot, un geste. Tu te retournes sans rien faire.
Rien.
Je me pose dans ce fauteuil, me rappelle quelques bons souvenirs de l’an passé. Et puis je pense à cette nuit.
Je suis sale de toi, amour. Aurais-je pu espérer autre chose de toi? Oserias-je dire que ca ne me satisfait pas?
Il n’y a plus que cette saleté en moi, le reste, je te l’ai donné en me noyant dans ton corps. Vide.
Regarde ce que tu fais de moi! Tu peux encore sourire en dormant, me narguant de cet air boudeur qui fait que je te pardonne tout. Tu peux faire ce que tu veux de moi. J’aurais mal à en crever et je serais toujours ta pute. Mais jamais tu ne sauras tout ça.
Détruis moi un peu plus encore, j’aurais toujours cet avantage sur toi d’être la seule à savoir comme je t’aime.
J’ai prit les clefs de ta voiture et la balle de tennis dans mon sac. J’ai descendu les escaliers. J’ai mit la balle là où elle devait être et je me suis installée à ta place. J’ai touché le volant parce qu’il était à toi, et j'ai allumé le moteur.
C’est marrant parce que je pensais justement à ce poème de Baudelaire et à ce ver en particulier, « Et je t’endormirai dans un rêve sans fin ». C’est à ce moment là que le gaz m'a endormit.
Je ne me suis jamais réveillé, amour. Jamais.
à 20:35