fabulation et autres histoires

Elle est là.

Vraiment là. Avec moi. Il y a ces yeux emeraudes plongés dans les miens, gênés par une de ces boucles qui ne tient pas avec le reste. Je m'imagne le bonheur que ça pourrait être de toucher sa peau, sauf qu'il y a un air de déjà vu, parce que je me pose cette question à chaque fois que mes yeux s'egarent sur cette jolie chose.

_"Tu veux quelque chose à boire?"

J'acquiesce, et j'en retourne à mes fantasmes. Isabelle... Pouvait-on lui donner un prénom plus évident que celui là? Elle a le visage dessiné avec talent. Carré, presque trop droit, quelque chose de lisse et de disproportionné. Comme sculté dans du marbre. Le teint pale et laiteux, tout à fait l'idée que l'on se fait, gamin, de la peau de blanche neige.

Elle me fait un monologue en préparant du thé glacé, lève de temps en temps les yeux sur moi, me balayant d'un sourire pour savoir si je l'écoute encore et continue son histoire. Ca devait être intéressant, mais comment s'intéresser à des mots, quand son corps me parle bien plus fort, langage implicite et parfum envoûtant.

Si j'avais été timide, ça aurait expliqué que je n'osais jamais la frôler. Je ne le suis pas. Mais la gestuelle de ses membres me parlait si fort, que je ne pouvais me résoudre à la laisser se taire. Et c'est ce qui risquait de se passer si je la laissais discuter avec mon corps.

J'ai toujours aimé les images...

Elle sent le monoï. Ca me rappelle ma mère, cet été à Biarritz quand j'avais 9 ans. Je souriais bêtement en pensant que peut être, je voyais en Isabelle l'etre parfait pour terminer mon complexe d'Oedipe. Mais ça m'importais peu, parce que ce parfum de soleil contrastait parfaitement avec la pâleur de sa peau et que cette idee la m'etait bien suffisante.

J'ai toujours aimé les contrastes...

La première chose qui m'avait plus chez elle, c'était ses mains. Des mains si fragiles qu'on se sent obligé de couvrir de douceur pour les protéger. Ca avait comme réveillé une part de moi que je ne me soupçonnais pas. J'étais protecteur. Juste avec ses mains la.

_"Enfin c'est clairement là que je lui ai dit que non, je ne tenais pas à avoir ce boulot dans ses conditions. Tu viens dans le jardin?

Elle s'allonge sur une chaise longue. Et je me pose a cote en faisant bien attention dene pas faire de bruit, comme si j'etais dans un musee en train de contempler la plus belle piece de Rodin.

Comme l'avait prédit le parfum de sa peau, le soleil était là. Elle avait une jolie terrasse avec ce qu'on aurait presque pu appeler jardin si ca n'avait pas ete si petit. Je me disais qu'elle était folle, de couvrir ses tâches de rousseurs de ce liquide qui brûlerait sa peau.

Je voulais lui en faire la réflexion quand l'idée repoussante de sa peau brûlée me vint à l'esprit. C'était une bonne idée pour la garder à distance de mes mains. Refreiner ce venin de desir qui commencait a me monter la gorge. C'était aussi parfaitement égoïste de la laisser se blesser même si de toute façon, elle ne m'écoutait jamais.

Elle arrête de parler pour sourire au soleil. Je suis jaloux. Son visage parsemé de petites tâches n'avait rien d'enfantin. Ses sourires étaient plus ensorcelants que mignons ce qui pour une fois, n'était pas en contradiction avec ses cheveux roux et ses yeux verts. Ensorceleuse. Il y a 200 ans, je l'aurais sauvé du bûché!

Je fixe son nez. Il est sculptural, comme les contours de son visage. Long et fin, et surtout extrêmement droit. Je ne comprendrais peut être pas si bien le langage de son corps si je n'étais pas peintre, certainement. Sauf qu'il y avait quelque chose d'universel et d'inexplicable dans cette beauté de marbre.

Venus avait une petite soeur. I-s-a-b-e-l-l-e.

_"J'ai trop chaud"

La désse se lève. Ses pieds nus s'amusent du contact de l'herbe et cours jusqu'au fond du jardin. Elle porte une jupe, c'est la deuxième fois seulement qu'elle m'offre ce spectacle  divin, ses jambes. Elles ne sont pourtant pas des plus belles que j'ai pu voir. Juste peut être, leur façon de se frôler l'une contre l'autre, qui est à la limite de l'insupportable.

Indecente petite chose.

Elle revient, le visage et les boucles trempés. Je me demande à quoi elle pense. Ma Divine. Je me mens parfois en me disant qu'elle pense à moi comme je pense d'elle, et pourtant les regards qu'elle m'accorde me forcent à me résigner. A moins d'un talent certain pour ignorer ses sentiments, elle ne voit en moi que l'ordinaire.

Elle a peut être un talent certain...

Sur la chaise longue, les jambes qui suivent un rythme que je n'entends pas, elle tourne légèrement la tête vers moi et me donne un sourire. Elle sourit...

_"J'aime bien quand tu es là."

Elle n'aime pas les images...

Toujours, elle me disait clairement les choses, c'était son autre façon de me touchait. Par cette forme primitive de langage qu'est la parole sans sous-entendus. Ca ne voulait pas dire "reste", ni "sois là plus souvent" mais juste qu'elle aimait bien, quand j'étais là.

Elle continue de me fixer, de ses petits yeux verts. Le noir a légèrement quitté ses cils pour se glisser sous ses yeux, ce qui n'enleve rien à son charme archithecturale. Je suis dangereusement près d'elle et je pris je ne sais qui de faire brûler sa peau rapidement.

_"Isa, tu as des glaçons? Le the a rechauffe."

Elle me dit où chercher. Je reprends mes esprits. Je la regarde de loin frotter ses pieds l'un contre l'autre, faisant lègerement remonter sa jupe à des hauteurs indescentes. Et pourtant rien ne peut me faire quitter des yeux son corps. Prle moi encore. Ca serait impolie de ma part de la couper dans son interminalbe monologue de sensualité.

Je lui tends son jus d'orange. Ses boucles sont déjà sèches, sa bouche a rougit mais sa peau est toujours aussi pâle. J'attends avec impatience d'être dégoûté de ma muse, chose qui ne me délivrerait en rien du fantasme troublant de posseder son corps mais qui pourrait freiner quelque peu mes ardeurs. Qui a cette heure, sont au bord de l'explosion.

Obsedantes petite chose.

Il fallait que je parte. Il fallait que je vois une autre fille pour fermer les yeux sur son corps et y voir du divin. M'endormir dans une autre et ne rever que d'elle

Parce qu'Isabelle était la divine de mon frère, qu'elle le trouvait extraordinaire de beauté et d'intelligence, qualificatifs qu'il portait aussi bien que le Bozo.

Mon petit frère, homosexuelle refoulé qui voyait en moi le seul psy qu'il n'avait pas envie d'approfondir, s'était prit d'amitié pour cette sculpture divine, qui elle voyait en lui l'homme de sa vie. Cependant il tenait à sa couverture de petite amie comme à la prunelle de ses yeux n'y voyant pourtant rien d'autre qu'un objet de sexe féminin, capable de cuisiner et de laver son linge avec le même enthousiasme que notre défunte mère. Elle était pour notre famille, la femelle idéale, qui lui donnait la crédibilité d'être hétéro. Il trompait Isabelle avec un collègue de mon cours d’histoire de l’art depuis un an. Et comble du pathétique, je lui avais presente l'Apollon, bien entendu...

Je hurle intérieurement de cette injustice et mille fois par jours je me persuade de pouvoir tout lui dire. Sauf que c'est mon frère et qu'il faut que je parte. Mais ses yeux insolents qui me fixent de nouveau, me dessinant un sourire délicieux de cette bouche ronde et rouge, comme un fruit mûr qui n'aspire qu'à être goute. Je vais lui dire, il faut que je lui dise. Je m’en sens la force, et son corps parle encore, et cette bouche, elle s’entrouvre, elle m'a comprit, elle sait tout de mes sentiments, elle va dire quelque chose.

_"C'est génial d'avoir un beau-frère homosexuel!"

L'enfoiré!