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fabulation et autres histoires


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Toi tu peux

Une schizophrene m’a dit un jour "On doit toujours faire ce qu’on peut avec la vie qu’on a". Pour sa part, elle faisait avec les vies qu’elle avait et moi j étais même pas capable de savoir quoi faire de la mienne.

Jetais pourtant plutôt bien né, un 14 février. On pourrait le voir comme un cadeau d’amour de la mère pour le père, sauf que non. Ça a commencé a ressembler a vraiment n’importe quoi a large ou je ne pouvais même pas vraiment comprendre. Le frère voyait mieux que moi, faut croire, parce que c’est un peu de ça qu’il est mort. Et le jour ou je l’ais retrouvé la face écrasée contre son parquet miteux, ses yeux pleins de promesse a moitie révulsés, j’ai oublie que ça vivait encore, quelque part au dedans de moi.

Quand on était gamins, le frère et moi on passait pas beaucoup de temps ensemble. C était un enfant sérieux et moi j’avais plutôt du mal a tenir sur une chaise, j’avais même pas de copains. Il faut dire que le climat familiale n’avait pas facilité mon “épanouissement” – On Fait ce qu’on peut avec la famille qu’on a-. Seulement de loin je le regardais toujours. Je me demandais pourquoi moi je netais pas comme lui. Pourquoi je ne savais pas dessiner correctement ou pourquoi mes cheveux faisaient comme des épis alors que les siens non.

Cela dit j étais fière, je faisais tout pareil. J’attendais toujours la neige même si elle ne venait pas tout le temps parce que je savais qu’il passerait la journée avec moi a jouer dans le jardin. Ya des fois comme ça ou je me souviens comment j'étais con et naïf et ça me ferrait presque rire. Cela dit con je le suis toujours mais c est beaucoup moins drôle.

Le père a jamais su que c'était un peu de sa faute si le frère petit plus la. C'était une fois quand j’avais pas 6 ans, le père jouait au poker le salaire de la mère avec les merdeux du quartier. Y avait un mec gentil qui prennent le temps de jouer avec nous, dans l’autre pièce. Sauf qu’il y a un moment ou ses jeux sont devenus tordus, et ça nous a tout de suite beaucoup moins fait marrer. C’est même pas sur que je m’en souvienne vraiment, je crois que les images que j’en ai gardé, ce sont juste des cauchemars que j’ai fait un peu après,. Il y a des choses qu’on se fait oublier comme on vomirait une arrête qui n’aurai pas voulu passer. Mais pour sur que le frère il s’est réveillé en criant plusieurs fois. Comme j'ai déjà dit, lui, il voyait.

Le père, il a jamais su que le rouquin, qu’il disait, avait violé ses deux gamins. C’est même pas sur qu’il se sentirait coupable de quoi que ce soit ou même qu’il fasse le lien avec le fait que son aîné soit devenu un drogué notoire. Thomas, il avait 9 ans, il savait ces choses la..

Cela dit j’ai pas le souvenir qu’il ai jamais perdu le sourire, alors que moi je me souviens même plus du jour ou j’ai pu en avoir un. Ça me fait honte, d’y penser. De savoir comme lui il était fort et comme moi j’ai même pas essayé de faire semblant, ni pour la mère ni même pour moi, parce que c était tellement plus facile, mettre le petit con.

Le père en a eu marre de faire semblant lettre a sa place, un jour que j’avais 7 ans et qu’on jouait devant chez nous avec le frère. Il a écrasé ma voiture rouge, ma préféré, en partant sans même prendre le temps de faire debauche d’une valise. Je sais pas exactement pourquoi je l’ai gardé, la voiture. Il m’avait pourtant jamais donné envie d’un souvenir de lui. Y a jamais eu que cette image de moi sur ses épaules que j’ai gardé. Je me souviens de la tante qui ne se lassait pas de rester comme je lui ressemblais et comme j’avais ses mains, et comme j’avais son regard, malgré le vert de la mère. Et lui, il disait qu'il m'avait pas loupe. Ya que cette fois la ou j’ai aimé mon père.

Il aurait pu se contenter de me donner de quoi lui ressembler physiquement, j’avais pas besoin de son immaturité.-On fait ce qu’on peut avec la personne qu’on est-

La dernière fois que je l’ai vu, c était a l’enterrement du frère, il y a 5 ans de ça. J’ai détesté qu’il pose sa main sur mon épaule comme pour me soulager de quelque chose alors que sa simple présence pesait bien plus que moi et me retournait les viscères. Parce qu’il s’en foutait pas mal, lui, de nous. Pour sur que la seule chose qui le faisait se ronger les ongles c’est draven a porter en société le fardeaux mettre le géniteur d’un drogue de seconde zone, suicidaire qui plus est. Ça lui serait même pas venu a l’esprit de se demander si c était pas de sa faute. Moi ça me bouffait de l'interieur de me dire qu’il penserait jamais que ça de mon frère, qu’il entendrait jamais sa musique, qu’il lirait même jamais ce qu’il avait pu écrire. Alors que de toute ça j étais tellement fière.

Le frère voulait jamais que je sois la quand il répétait avec son groupe. Il ne voulait pas que je tombe dans tout ce qu’il touchait depuis déjà un moment. Il me protégeait comme s’il se sentait obligé, après n’avoir pas su le faire quand j’en avais vraiment besoin. Je lui en veux de rien, il n’a pas su se protéger lui même, ce soir la.

La mère dit qu’il s’est suicidé. J’ai pas envie de le voir comme ça. J’ai pas envie de croire que son sourire était un faux. Pas envie de croire que tous ses rêves qu’il nous racontait petit qu’une mise en scène pour ne rien laisser paraître. C etait un accident, rien qu’un accident.

J’ai donc hérité de l’option enfant unique a 14 ans. La mère a commencé a attendre tout un tas de choses de moi. Et finalement le QI que le père m’avait donné et dont personne ne se souciait, et moi le dernier, la mère a voulu que je m’en serve "comme il faut", qu'elle disait. J’ai comme qui dirait des facilités. Ya jamais rien qui ai vraiment etre difficile a lecole. Ya jamais rien qui ai vraiment été intéressant non plus.

Aussi loin que je me souvienne, ya que deux métiers que je me voyais faire. Mécanicien ou infirmier. Quand il a fallu comme qui dirait “choisir une orientation” en 3eme, je me suis dit que les trois quart des gens été trop cons pour que je passe mon temps a nettoyer leurs merdes. Au moins avec les voitures je pourrais concrètement y comprendre quelque chose. Les gens j’ai toujours su clairement comment ils agissaient, souvent même avant qu’ils le fassent. Seulement j’ai jamais comprit pourquoi. Certaines vies n’ont aucun sens. Rectification, aucune n’en a. De toute façon ça change rien.

Tout ça pour dire que le père a fait une crise de paternité pile a ce moment la. Il disait “On ne va pas en BEP avec un 15 de moyenne, c’est du gâchis.” Si vous voulais mon avis, le gâchis c’est de m'avoir donné autant de mal pour me donner un cerveau et de ne pas me laisser faire ce que je veux avec. Et puis il pouvait parler de gâchis, lui et sa vie de consommateur. Lui et ses erreurs. Lui et son meurtre par procuration.

J’ai fait comme il a dit, parce que de toute façon ces projets d’avenir je savais même pas pourquoi je les faisais. J’avais vraiment envie de rien. Le visage du frère ne me quittait pas. Je voulais savoir pourquoi, je voulais savoir comment alors que je savais bien que la mort n’avait pas plus de sens que la vie, et elle n’en avait pas. Elle n’en avait plus. Pas pour moi. Cela dit j'étais sur de ne pas être entièrement vide, parce que cette putain de douleur me rappelait a chaque minute que j'étais bien vivant.

C’est a peut près a ce moment la que les potes du frère sont venus traînés a la maison. Parler du bon vieux temps, raconter comme il leur manquait et comme il fallait s’en souvenir. Pour ça, sur qu’ils ont fait du sale boulot parce que tout ce que le frère avait voulu levitra, ils me l’ont donne une fois qu’il était mort. De la jolie poudre blanche

Moi je disais oui parce que ça me faisait oublier, ça me faisait comme mourir un peu.

J’ai goûté a tout. Foutu n’importe quoi dans le fond de ma gorge, évitant les aiguilles pour que la mère ne voit rien et je passais ma vie dans un état second. Comme entre deux vies, un peu.

J’avais 15 ans. Je faisais semblant de ne pas remarquer comme je faisais mal a la mère qui nait pas aveugle. Un petit connard. Ça me surprend encore qu’elle ai pu m'aimer malgré tout, juste parce que la moitié de moi, c’est elle.

Petit que de la poudre a respirer mais j’en ai vite eu besoin et j’ai jamais eu l’argent pour ce genre de conneries. Ce qu’il y a eu de bien c’est que le nouveau copain de la mère avait de quoi se faire piquer dans les poches. Seulement il a fallut trouver autre chose quand je l’ai fait partir a force de le pousser a bout. Je disais a la mère que je faisais ça pour son bien, que celui qui resterait serait enfin digne d’elle. La vérité c’est que j’y pensais même pas au bonheur de la mère, y avait plus que ma poudre. Ma poudre ou la tète du frère sur le parquet. Ça ne ressemblait même pas a un choix.

Et puis un jour j’ai eu 18 ans. Il s’est passé qu’un après midi ou je n’avais pas trouvais d’argent, je suis allé traîné la ou je n’aurais pas du. Je me suis mit a pleurer comme le con que j'étais devenu devant un coucher de soleil. Parce que je me disais que le frere n'en verrais plus. Je revoyais les images de mes vieux cauchemars et ces flash du frère avec des asticots dans les yeux. C était le jour ou j’ai eu un jour de plus que mon grand frère.

Je tremblais, un peu, a cause de ce que mon sang me réclamait a force de l’avoir gavé. Et ya ce mec, l’air plus pitoyable que le mien, sûrement a cause de l’odeur qui est venu s'asseoir comme un vieux pote a coté de moi.

On est venu a parler alcool. Il me disait que ça faisait presque de la peine de devoir boire ce mousseux a 3 euros juste pour se réchauffer l’hiver. On a commencé a parler de choses et d’autres. J’avais du mal avec l’odeur mais j’avais besoin de compagnie. Et comme ça il s’est passé que je lui ai tout dit. Du commencement de ma vie douteuse, ce 14 février, et puis du reste.

Il m'a racontait que lui c'était sa femme qui settat faite violer. Sauf que le connard qui s’en était charge ne lui avait pas laissé la chance de s’en aller avec un coeur qui bat. Il m’a raconte comment malgré tout le fric qu’il avait sur son compte en banque l’Etat a reussi a tout lui prendre, sans raison vraiment valable. Il m’a dit comme c était facile finalement, quand on a plus personne, de se retrouver sans rien. Parce qu’on a jamais que l’amour pour nous habiller et nous donner la chaleur dont on a besoin. Il m’a juste dit comme c était triste de n’avoir plus que ce vieux mousseux et ses mains pour faire la manche.

Je le regardais la comme un con, a me dire que moi et mes petits problèmes on avait même un manteau plus chaud que son lit. Et j’arrivais a me plaindre de ne pas trouver 50 euros pour ma dose quotidienne alors que j’avais de quoi bouffer dans mon frigo. J’avais la mère. J’avais une vie, en faite.

C’est  la qu’il m’a regardé dans les yeux et qu’il m’a dit que j étais qu’un petit merdeux. Un de ces connards qui n’en aurait pas fait plus avec une vie normale et qui se branlait presque d’avoir une vie aussi tordue, c était tellement plus facile de faire le malheureux.

 

Il m'a montré sa bouteille en me disant que l'alcoolisme c etait un choix, et que la cocaïne s'en était un aussi. Il m'a dit toute cette merde que t'as dans ta vie, ya plus de la moitie qui ne t'ai pas arrive par hasard. Il m'a dit, t'as fait le choix d'avoir que la moitie d'un tout. Et la merde tu la cherchais. Merdeux.

 

Il a dit que tout ce qu'il avait a en dire, c'est que les gens mal servit au départ, c'est ceux qui doivent se battre un peu plus fort, et que moi, je faisais que de ramper un peu mieux a chaque fois. Il m'a dit regarde toi. Regarde tes mains qui tremblent avec ta vie. Regarde comme c'est toi qui devrait diriger, et comme t'as tout laisse tombé, parce que c etait tellement plus facile.

Il m’a dit toutes les filles qui ne demandaient qu’a m’aimer. Tous les pays qui ne demandaient qu’a être foulés par mes pieds. Il m’a dit toute cette bouffe qu’il goûterai jamais, je devais y toucher parce que moi je pouvais. Il m’a dit petit con, toi tu peux. Toi tu peux.

Et j’ai pu.

{A toi. Toi et ta vie. Toi et tout ce que ça implique}

Ecrit par ryne, à 14:54 dans la rubrique "Actualités".

Commentaires :

  aphone
23-06-07
à 01:16

Je serais jamais capable d'écrire une nouvelle comme celle-là, tu m'tues ! *en admiration*

  ryne
23-06-07
à 12:10

Re:

Merci ma Doucette. Ca me reconforte vraiment de savoir que ça te plait. Que ça veut dire quelque chose dans une autre tête que la mienne.

Mais tu écriras un jour. J'ai confiance. C'est pas des paroles en l'air juste histoire d'être à la hauteur du compliment que tu viens de me faire. C'est juste qu'il y a des gens fait pour ça. Et s'il te faut du temps, peu importe. Tu ecriras.




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